1. Proposition logique et notion de prédicat

1.1. Proposition logique

Exemples

  • $P$ : « 2 est supérieur à 3 » est une proposition fausse.
  • $Q$ : « Il existe au moins un réel $x$ tel que : « $x^2\leqslant5$ », est une proposition vraie.
  • La phrase « Cette affirmation est fausse » n’est ni vraie, ni fausse, elle n’est donc pas une proposition logique.

1.2. Notion de prédicat

Un prédicat correspond en général au verbe principal et tous les éléments qui en dépendent dans une phrase. (Wikipedia.org).

Dans un énoncé, un prédicat correspond à l’attribut $P$ (c’est-à-dire la propriété) d’un objet ou un élément $x$ pris dans un domaine d’application ou un ensemble d’interprétation de $x$. Par exemple $x\in\N,$ $x\in\R,\ldots$

Exemple
On considère l’énoncé $P(x)$ : « $3x-5=4$ ». On ne peut pas statuer sur la valeur de vérité de $P(x)$. Celle-ci dépend de la valeur de $x$. Donc, $P(x)$ n’est pas une proposition logique au sens de la définition 1. Nous allons tester pour certaines valeurs :

  1. Pour $x=0$, $P(0)$ s’écrit « $3\times0-5=4$ », c’est-à-dire « $-5=4$ », est une proposition logique fausse. De même pour $x=2$,$\ldots$
  2. Pour $x=3$, $P(3)$ s’écrit « $3\times3-5=4$ », c’est-à-dire « $4=4$ », est une proposition logique vraie.

En général, $P(x)$ n’est pas forcément une proposition logique, car on ne peut pas statuer sur sa valeur de vérité dans l’absolu. La vérité de $P$ dépend de la valeur de la variable $x$ et du domaine d’application ou un ensemble d’interprétation de $x$.

2. Les quantificateurs

Soit $P$ un énoncé mathématique contenant ou dépendant d’une variable $x$. Il est donc naturel de se poser la question « L’énoncé $P(x)$ est-il vrai [ou faux] pour une valeur de $x$, ou pour quelques valeurs de $x$, ou bien pour toutes les valeurs de $x$ dans un ensemble $E$ ». On dit que l’on a quantifié la proposition $P$.

Exemple

Lorsque nous disons à des élèves de 6ème que « $a +b = b+a$ », nous ne savons pas de quoi on parle, ni pour quel type de valeurs de $a$ et $b$, ni si l’égalité est vraie pour quelques nombres ou pour tous les nombres (utilisés à ce niveau). Par exemple, il faudrait corriger l’énoncé en disant :

[Pour tous les nombres décimaux $a$ et $b$, on a : $a+b=b+a]

Cet énoncé devient une proposition logique vraie !

2.1. Quantificateur universel

Exemple

Une proposition logique vraie : $\forall x\in\R : x^2\geqslant0$.

2.2. Quantificateur existentiel

Exemples

  • Une proposition logique vraie : $\exists x\in\R : x^2\leqslant2$.
  • Une proposition logique fausse : $\exists x\in\R : x^2=-1$.
  • Une proposition logique vraie : $(\forall x\in\R*)(\exists! x’\in\R* : xx’=1$.
    Pour tout nombre réel non nul $x$, il existe un unique réel non nul $x’$ tel que $xx’=1$. Le nombre $x’$ est l’inverse de $x$ et il est unique : $$\boxed{~~x’=x^{-1}=\dfrac{1}{x}~~}$$

Remarque

Ainsi, un prédicat accompagné de quantificateurs portant sur toutes ses variables dans un ensemble $E$, devient automatiquement une proposition logique. On peut donc statuer s’il est vrai ou faux.

2.3. Succession de quantificateurs

  1. L’énoncé « Pour tout nombre réel $x$ et pour tout nombre réel $y$, $x$ est supérieur ou égal à $y$ ou $y$ est supérieur ou égal à $x$ » s’écrit avec les symboles :
    $$P_1:~~(\forall x\in\R)~(\forall y\in\R)~:~[x \geqslant y~\text{ou}~y\geqslant x]$$ et $$P_2:~~(\forall y\in\R)~(\forall x\in\R)~:~[x \geqslant y~\text{ou}~y\geqslant x]$$
    Ces deux propositions sont parfaitement équivalentes. Il est clair que, ici, l’ordre des quantificateurs n’a aucune importance !
  2. L’énoncé « Pour tout nombre réel $x$, il existe un réel $y$, égal au carré de $x$ » s’écrit avec les symboles : $$P_3:~~(\forall x\in\R)(\exists y\in\R)~~[ y=x^2]$$ Cet énoncé est une proposition vraie. Pour tout choix d’un réel $x$, on peut calculer son carré, $y=x^2$, donc la valeur de $y$ dépend du choix de $x$.
  3. L’énoncé « Il existe un réel $y$ tel que pour tout nombre réel $x$, $y$ est égal au carré de $x$ » s’écrit avec les symboles : $$P_4:~~(\exists y\in\R)(\forall x\in\R)~~[ y=x^2]$$ Cet énoncé est une proposition fausse. Il signifie qu’il existe au moins un réel $y$, tel que pour tout nombre réel $x$ : $[y=x^2]$. Un seul nombre $y$ égal au carré de tous les nombres réels $x$. Ceci signifie que $y$ est indépendant du choix de $x$. Par exemple : $y=1^2$ et $y=2^2$. Ce qui implique que $1=4$. Ce qui est absurde.

3. Négation d’une proposition avec des quantificateurs

Exemple
La négation de la proposition logique « $(\forall x\in\R)$ : [$~x^2\geqslant0~$] » est : $(\exists x\in\R)$ : [$x^2<0$].

Exemple
La négation de la proposition logique « $(\exists x\in\N)$ : [$~3x+5=0~$] » est : $(\forall x\in\N)$ : [$3x+5\not=0$].

4. Exercices résolus

4.1. Démontrer une affirmation

Exercice résolu n°1.
1°) La proposition logique $P$ : « $(\exists x\in\R)$ [$x^2+1=0$] » est-elle vraie ou fausse. Démontrez votre affirmation.
2°) Déterminer la proposition non$~P$, la négation de la proposition logique $P$.

Corrigé.
1°) La proposition logique $P$ : « $(\exists x\in\R)$ [$x^2+1=0$] » est fausse.
On fait un raisonnement par l’absurde.
Supposons qu’il existe un réel $x\in\R$ tel que $$x^2+1=0$$ En ajoutant $-1$ aux deux membres de cette égalité, nous obtenons : $$ x^2+1-1=0-1$$ Ce qui donne : $$x^2=-1$$
Ce qui est absurde, car dans l’ensemble des nombres réels, un carré est toujours positif ou nul.
Par conséquent, il n’existe aucun réel $x$ tel que $x^2=-1$.

Conclusion. La proposition logique $P$ est fausse.

2°) $P$ est la proposition logique : « $(\exists x\in\R)$ [$x^2+1=0$] ». Sa négation $\textbf{non}~P$ est la proposition logique : $$\textbf{non}~P~:~~(\forall x\in\R)~[~x^2+1\not=0~]$$

4.2. Reformulation d’une proposition logique

Exercice résolu n°2. On considère la proposition logique $P$ : $(\forall y\in\R)(\exists x\in\R)$ tel que $\left[y=\dfrac{2x+3}{x+1}\right]$.
1°) La proposition logique $P$ est-elle vraie ou fausse. Démontrez votre affirmation.
2°) Récrire la proposition $P$ pour qu’elle soit vraie.
3°) En déduire la proposition non$~P$, négation de la proposition logique $P$ du 1°).

Corrigé.
1°) $(\forall y\in\R)$ $(\exists x\in\R)$ tel que $\left[y=\dfrac{2x+3}{x+1}\right]$
Soit $y\in \R$
Existe-t-il un $x\in\R$ (ce qui permet d’introduire $x$) tel que $\left[y=\dfrac{2x+3}{x+1}\right]$ ?
Tout d’abord, cette expression existe si et seulement si $x\not=-1$.
On raisonne maintenant par équivalence jusqu’à ce qu’on soit bloqué.
Pour $x\not=-1$, on a les équivalences suivantes :
$$\begin{array}{rl}
y=\dfrac{2x+3}{x+1}\Leftrightarrow& y(x+1)=2x+3\\
\Leftrightarrow& yx+y=2x+3\\
\Leftrightarrow& yx-2x=3-y\\
\Leftrightarrow& x(y-2)=3-y\\
\end{array}$$ Pour déterminer $x$, nous devons diviser par $(y-2)$. Or, on ne peut pas diviser par $0$. On distingue alors deux cas :

$\bullet$ 1er cas : $y-2=0$, c’est-à-dire $y=2$. L’égalité devient : $x(2-2)=3-2$ ; c’est-à-dire $x\times0=1$. Donc : $0=1$. Absurde.
Autrement dit, pour $y=2$, il n’existe aucun $x\in\R$ vérifiant l’égalité.
Conclusion 1. Pour, $y=2$, la proposition logique $P$ est fausse.

$\bullet$ 2ème cas : $y\not=2$, c’est-à-dire $y-2\not=0$. L’égalité devient : $x(y-2)=3-y$. Or, $y-2\not=0$, donc on peut en déduire la valeur de $x$ : $$\boxed{~x=\dfrac{3-y}{y-2}~}$$
Conclusion 2. Pour tout $y\in\R$, $y\not=2$, la proposition logique $P$ est vraie.

2°) On peut donc récrire la proposition $P$ pour qu’elle soit vraie de la manière suivante : $$(\forall y\in\R\setminus\{2\})(\exists! x\in\R\setminus\{-1\})~\text{tel que}~\left[y=\dfrac{2x+3}{x+1}\right]$$

3°) La négation de la proposition logique $P$ du 1°) s’écrit : $$ (\exists y\in\R)(\forall x\in\R)~:~\left[y\not=\dfrac{2x+3}{x+1}\right]$$ Cette proposition logique est vraie car, il existe un $y\in\R$, $y=2$, pour lequel : $$y\not=\dfrac{2x+3}{x+1}.$$